Temps de lecture: 6 mins. Par Max.
Publié le : 16 octobre 2018
Le 4 septembre 2018, nous fêterons les 20 ans de Google. Le Wi-Fi n’existe que depuis 2003, la plateforme YouTube est née il y a seulement 13 ans. Le premier iPhone est sorti en 2007 ... et la première version d’Instagram en 2010.
Il y a 5 ans, les métiers traitant le big data et les postes de data scientist, master data manager, chief happiness officer, ou domoticien n’existaient pas, et font aujourd'hui partie des métiers les plus demandés.
65% des enfants qui sont à l’école primaire aujourd’hui travailleront dans des métiers qui n’existent pas encore, et 45% des postes de 2015 n’existeront plus en 2025. De même, 7.1 millions de postes en lien avec l'administratif disparaîtront d’ici 2020.
Ces observations stupéfiantes donnent le tournis à certains et en fascinent d'autres, tant l'époque dans laquelle nous vivons nous permet de témoigner d'une évolution fulgurante dans le domaine des nouvelles technologies. Il n'est plus question d'acquérir un savoir-faire que nous répéterons pendant quelques années mais plutôt de s'adapter au jour le jour afin de jongler entre l'intelligence artificielle et notre intelligence humaine.
En 2016, le World Economic Forum avait sorti son rapport « The Future of Jobs » (« le futur du travail »), et recensait les projections en termes de métiers d’ici à 2020. Deux ans plus tard, nous nous sommes dit qu’il était temps de faire le point sur ce sujet en identifiant les compétences humaines dont les entreprises ne pourront pas se passer en 2022.
En 2017, ce bot de l’entreprise Open AI d’Elon Musk, a battu l’un des meilleurs joueurs du monde de Dota 2, un jeu en ligne considéré comme beaucoup plus complexe que les échecs ou le Go.
Depuis quelques années, nous sommes les témoins des avancées rapides de la technologie en ce qui concerne l'intelligence artificielle. En effet, les robots et leurs algorythmes ont la capacité de traiter des informations beaucoup plus rapidement et de manière beaucoup plus efficace que le cerveau humain. Ce dont les robots ne sont pas encore très friands en revanche (plus pour très longtemps?), est l'intelligence émotionnelle; et dans ce domaine il semblerait que l'être humain en connaisse un rayon.
Ce focus sur l'humain et ses compétences en savoir-être est une tendance que nous avons vu réapparaitre ces dernières années: la compréhension du monde qui nous entoure grâce à la pensée critique ou à la capacité de jugement, l’adaptation à de nouvelles situations et la connexion sociale entre nous tous.
Ces compétences, vous les connaissez peut-être déjà sous d'autres qualificatifs, tels que le "savoir-être" ou les "soft skills". Pourquoi nous concentrons-nous là-dessus plutôt que sur des compétences plus traditionnelles comme savoir écrire du code ou être expert en marketing? Parce que s'il est facile de se former sur le dernier langage html, c'est grâce au soft skill "adaptabilité" et "résilience". En clair, notre intelligence émotionnelle est la frontière qui nous sépare du monde des machines.
Comme le disait Jim Collins dans son bestseller Good To Great:
« First ‘Who’… Then ‘What’ » (« D’abord ‘qui’… ensuite ‘quoi’ »)
« Dans le futur, il sera impossible de rivaliser avec les machines », disait Jack Ma, le fondateur d’Alibaba, dans une conférence de presse au World Economic Forum en 2018. Alors, s’il ne faut pas entrainer ses employés ou recruter uniquement dans les compétences mathématiques, techniques, manuelles ou analytiques, quelles sont les compétences que nous devrions rechercher?
Chez Academic Work, nous pensons que les compétences humaines et sociales (les fameux « soft skills ») sont aussi importantes que les compétences plus tangibles (les « hard skills ») dans la vie professionnelle. Aujourd’hui, il est tout aussi essentiel qu’un membre de votre équipe dispose des capacités nécessaires pour accomplir son travail, mais aussi pour qu’il soit bien intégré dans son équipe.
Après avoir effectué quelques lectures et recherches, nous avons rédigé un rapport vous aidant à identifier les compétences déjà en place dans une équipe, les développer ou les attirer compilé cette liste de compétences dont votre entreprise ne pourra se passer.
C’est parti!
Les différentes façons d'organiser le travail au sein d'une entreprise (hiérarchie aplatie, organisation par projet, matrices marque versus groupe) sont autant de facteurs invitant à porter une attention particulière sur le salarié pour ne pas qu'il perde pied au milieu de toute cette effervescence. Le terme people management englobe donc tout ce qui relève du rapport entre le salarié et son entreprise, par le biais de son manager. Considérer les besoins de chacun, rassembler le groupe, renforcer le respect et la tolérance et motiver ses coéquipiers à suivre la vision de l’équipe sont des exemples des actions liées au people management.
Certains disent qu'il s'apprend, d'autres qu'il est inné ... l'art de porter une équipe au meilleur d'elle-même tout en l'inspirant, voilà une compétence dont toute entreprise aura toujours besoin et que l'on imagine difficile d'assimiler à un robot. Le leadership collaboratif, qui s'oppose au management plus traditionnel, est illustré dans l'infographie ci-dessous:
The four traits of collaborative leadership.
En tant qu’êtres humains, nous avons tendance à modéliser la réalité afin de la simplifier et la rendre plus compréhensible. Cependant, les problèmes du futur seront de plus en plus complexes. La capacité de conceptualiser cette complexité et d'interagir avec elle sera un savoir-faire fortement valorisé dans l'entreprise de demain.
Les personnes capables de résoudre des problèmes complexes ont la possibilité de prendre du recul et de visualiser des choses qu'ils ne comprennent peut-être pas de prime abord, mais de mettre en place les actions nécessaires pour ce faire.
La capacité de collaborer est une compétence plus compliquée qu’il n’y parait. Il est pourtant essentiel pour le bon déroulement d'un projet de mêler savamment travail d'équipe et travail personnel, pour que l'ensemble du projet puisse bénéficier des avantages de chaque méthode.
Le monde ne cesse de changer et être capable de s’adapter aux évolutions technologiques, économiques et sociales devient de plus en plus important.
Or comme le propre de l’Homme, c’est son sens de l’adaptabilité, cela tombe bien! Seulement, certaines personnes se révèlent plus à même de s'adapter que d'autres.
Cette compétence est particulièrement utile au sein des entreprises changeant régulièrement de structure ou de types de management.
De plus, étant donné que le turnover des entreprises a fortement augmenté ces dernières décennies, avec par exemple les possibilités de travailler en tant qu’indépendant, freelance ou consultant, le sens de l'adaptabilité prend tout son sens pour faciliter la vie de celui qui le maitrise.
« Si tu tombes sept fois, relève-toi huit fois».
Proverbe japonais
Dans certaines sociétés, l'échec n'est pas nécessairement synonyme de fin en soi. Aux Etats-Unis par exemple, il n'est pas rare d'entendre les témoignages de business men célèbres à propos des échecs qu'ils ont traversés au cours de leur vie professionnelle.
Or, la capacité d'accepter les difficultés en cours de route, et l'art de savoir rebondir sur celles-ci afin de trouver le schéma, l'idée qui détonnera, sera fortement valorisé dans l'entreprise de demain, tant au niveau du salarié que du manager.
Cette compétence est intrinsèque à l’évolution et à la croissance d’une entreprise.
Il est important de noter que sans prise de risque, il n’y aurait probablement jamais eu de création d’entreprises. Avoir la capacité à prendre des risques mesurés dans les bonnes conditions est une compétence essentielle.
La créativité est souvent considérée comme étant réservée aux personnes dans le domaine de l’art et du marketing.
Cependant, la capacité d'envisager de nouvelles possibilités et d'innover pour s’adapter à son environnement, voire le devancer, est importante dans tous les domaines, même les plus techniques.
Stimuler son esprit créatif en favorisant les instants de réflexion, en observant ce qui est fait ailleurs et en échangent régulièrement avec l'équipe est pour nous fondamental afin de ne pas se faire devancer par la concurrence.
Dans un monde en constante évolution, la curiosité permet d’apprendre et de rester informé sur les nouvelles technologies qui nous entourent.
Encourager le questionnement, prendre connaissance des changements ou encore remettre en question les acquis et le statut quo sont des moteurs au changement positif, à l’innovation et à la croissance.
Tout comme la collaboration, la communication n’est pas pareille pour tout le monde. Certains seront plus introvertis que d'autres, mais il n’en est pas moins essentiel pour chacun de maitriser les bases de la communication afin de pouvoir échanger efficacement avec les membres de son équipe, les fournisseurs ou les clients.
Renforcer le respect et la tolérance, encourager l’empathie et mieux comprendre son prochain devient de plus en plus important dans un monde toujours plus connecté et mixte.
La conscience sociale et culturelle est une compétence plus subtile, qui n’est pas accessible à tout le monde. Celle-ci requiert non seulement de se comprendre soi-même, sa culture, son environnement et son entourage social, pour ensuite appréhender ceux des autres.
Les personnes issues d’une famille multiculturelle, ou ayant travaillé dans différents pays ont un très clair avantage dans ce domaine.
Fortement lié à la curiosité et au questionnement du monde qui nous entoure, avoir un esprit critique sur l’information qui nous est donnée est crucial pour le bon fonctionnement de l’entreprise.
La capacité de faire le tri parmi les informations qui nous sont fournies, débattre sur des idées et prendre les bonnes décisions sont des facteurs énormes de réussite.
Prendre en compte les facteurs qui entourent les décisions, peser les pours et les contres, accepter l’incertitude et y ajouter ce que l’on ressent (le « gut feeling ») pour finalement prendre les bonnes décisions et s’y tenir, voilà ce qui résume la capacité de jugement et de prise de décision.
Juger et décider, nous le faisons tous les jours. Le défi réside de le faire en ayant les enjeux de notre métier en tête.
Dans cette compétence réside une forme d’empathie: pour mieux servir son client, il faut comprendre comment il fonctionne, comment il réfléchit et comment il se comporte. Alors, vous pourrez marquer son esprit, en anticipant ses besoins et en agissant avant qu'il ne les exprime.
La négociation est quelque chose de beaucoup plus complexe que la plupart des gens ne veulent l’admettre. Comme le dit David Oliver dans son ouvrage « How To Negociate Effectively »:
« La négociation est une transaction dans laquelle les deux parties ont un droit de veto sur le résultat final. Elle nécessite une volonté consciente des deux parties. C’est un processus de concessions mutuelles où les conditions réelles d’une transaction sont convenues. C’est l’acte ou le processus de négocier pour atteindre un accord ou un objectif mutuellement acceptable. Cela nécessite du mouvement des deux côtés, qu’il soit réel ou perçu. »
David Oliver
En bref, c’est un processus social ou les deux parties interragissent dans le but de trouver un accord satisfaisant pour tout le monde, l'essentiel étant de prendre en compte son objectif, mais aussi celui des autres, pour être capable de s’y adapter. L’objectif de la négociation, c’est que tout le monde en sorte gagnant.
La capacité de gérer le stress, la colère, la frustration, la joie, les surprises … ou toute autre émotion pouvant perturber une situation est une compétence que peu maitrisent.
Aujourd’hui, les entreprises utilisent de plus en plus la méditation sous forme d'ateliers pour les employés afin de leur apprendre à mieux gérer leurs émotions et développer leur intelligence émotionnelle.
Écouter son client, écouter ses collaborateurs, écouter les critiques … L’écoute active, la compréhension et l’empathie sont des éléments importants dans les domaines de la vente et du commerce, car elles vous permettent d'agir en conséquence de l'existant.
La flexibilité mentale, c’est accepter que ce que nous pensons être la réalité ne l’est que pour nous-même. C’est la capacité d’accepter l’avis des autres, de remettre en question ce que nous pensons être vrai, et de changer d’avis lorsqu’il le faut.
Rester ouvert d’esprit et accepter que ce que nous pensons être vrai aujourd’hui, ne le sera peut-être plus demain, car le monde change et avec lui nos perceptions.
Les machines facilitent de nombreux processus en éliminant une grande partie les travaux manuels et répétitifs que nous connaissons depuis la révolution industrielle.
Afin d'apporter une valeur ajoutée à ces performances, et travailler en complémentarité de celles-ci, nos compétences émotionnelles deviennent de plus en plus demandées.
Chez Academic Work, nous imaginons que dans le futur, "L’Economie de l’Emotion" sera une expression de plus en plus employée, et que les 18 compétences listées ci-dessus en seront une partie.
« Les compétences de demain ne seront pas des compétences de « comment faire », mais des compétences de « comment être ».
Christophe Deval, directeur du développement des talents à KPMG